DEBAT NATIONAL POUR DES ELECTIONS APAISEES ET INCLUSIVES

Ce débat ? Il est fait ! Il continue certes ! Mais il est déjà clos en réalité ! Alors pourquoi en parler dans un blog ? Pour en situer la problématique réelle. Présenter les faits importants à prendre en compte dans la résolution de la problématique posée dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de tous les citoyens ivoiriens.

Problématique réelle

Si je posais la question à bon nombre d’ivoiriens, ils me diraient ceci : ‘’le problème est le 4e mandat’’. ‘’Le quatrième mandat du Président Alassane Ouattara est illégal’’. ‘’Le Président doit partir’’. ‘’Il faut une alternance’’. ‘’Le Président fait ombrage à ses adversaires potentiels de l’opposition en les retirant de la liste électorale’’. Ou encore, ‘’les Ivoiriens souffrent’’et j’en passe.

Cela fait beaucoup de récriminations qu’il convient de regarder à la lueur des textes légaux du Pays ainsi que du système de gouvernance mis en place. Oui ! Tout est sujet à interprétation me dirait-on. Dans ce cas, n’est-il pas plus judicieux d’y aller argument contre argument et laisser la juridiction suprême dédiée trancher. Bien sûr ! Il y a un autre point qui est souvent présent dans le débat. De façon générale, il semble en être un postulat incontournable à toute réflexion et à toute opinion en cette période pré-électorale. « Les institutions sont à la solde du Gouvernement et donc du pouvoir exécutif en place » entend-on. Ainsi, l’Assemblée Nationale, une assemblée d’élus de la nation, la Commission Electorale Indépendante (CEI) où la Société civile et les principaux partis de l’opposition sont représentés, la Cour Constitutionnelle, l’institution ultime à laquelle se fier pour trancher les questions liées à l’application de la Constitution et du code électoral sont toutes décriées.

Toute chose qui biaise le débat à souhait et amène à se demander si nous sommes dans un Etat constitué ou un Etat informel. Cette question pose un vrai problème. C’est celui des formes de résolutions des problèmes liés à la gestion d’un Etat démocratique constitué et à la gestion des conflits nés de son fonctionnement. Soit ! Certains réglages sont encore nécessaires au développement de la Côte d’Ivoire. Mais comment pourrait-on les faire si les voies de mise en ordre, de réglage qui sont contenues dans les textes et dans les règles de fonctionnement régissant notre pays sont décriées ?

Attention ! Il y a la voie du dialogue. Un principe sacro-saint en Côte d’Ivoire. Un mode de résolution de conflits dans lequel tous les Ivoiriens semblent baigner. Et pourtant, il y a lieu de s’interroger sur nos demandes et nos actions. Nous mettent-elles réellement sur la voie d’un dialogue franc et bénéfique à la nation ivoirienne ainsi qu’à chacun de ses citoyens ? Prenons-nous le temps de réfléchir aux contours et contenus d’un dialogue salutaire au pays ?

En effet, le vrai problème en Côte d’Ivoire aujourd’hui, semble résider dans le mode de résolution des questions cruciales et des conflits importants qui sont nés de son fonctionnement.  Comme dans tout Etat démocratique constitué, le droit et le dialogue restent des modes classiques. Pourquoi ne fonctionnent-ils pas en Côte d’Ivoire ?

L’ordre d’abord.

Le Président Félix Houphouët Boigny, père incontesté du dialogue comme mode de gestion des conflits et malentendus, en a fait un principe et un mode de vie en société pour chaque ivoirien. Il disait : « je préfère l’injustice au désordre ». Cette phrase qui peut paraître incompréhensible surtout de la part des plus jeunes devrait attirer notre attention sur quelque chose de plus grand : servir la paix, la sécurité. Paix et sécurité ! Deux mots qui résument ce qu’est l’intérêt général pour un peuple. C’est à dessein que le Président Félix Houphouët Boigny avait fait de la paix, son credo. Il en avait fait le creuset du développement de la Côte d’Ivoire. Car sans paix, pas de sécurité. Sans paix, pas de développement. Et j’ajouterai, sans ordre pas de paix. La paix doit être la finalité des actes que tout citoyen pose au quotidien. Ces actes doivent respecter un certain ordre. L’ordre établi dans le pays d’abord. L’ordre républicain : la Constitution, les lois, les institutions et autres procédures légales, administratives. Alors, comment s’y prendre si cet ordre établi est constamment remis en cause ?

Il convient de comprendre que tout appel au dialogue vrai, c’est-à-dire, bénéfique à tous a pour finalité la recherche de la paix et pour socle le respect de l’ordre établi. Le contenu de ce dialogue, les sujets qui y seront abordés doivent également servir la paix et l’intérêt général.  Si le dialogue ne peut aboutir à cela, il devient destructeur car il n’en sortira que des solutions provisoires qui violent les lois et qui ne servent que des intérêts particuliers, sources d’autres conflits et de revendications.

C’est pour cela que je m’interroge sur les desseins réels du dialogue politique demandé aujourd’hui par nos dirigeants politiques ivoiriens. Le Gouvernement en place n’a pas encore donnée suite à cette demande. Pour ma part, la question mérite réflexion. Sommes-nous sûrs qu’il va servir réellement l’intérêt général ? Et plus précisément, intégrer ceux qui ne sont pas sur la liste électorale servira-t-il l’intérêt général ?

Surtout pas de solutions ad hoc

Je n’en suis pas sûre. Il contribuera à créer des solutions ad hoc. Ces solutions qui établissent des précédents pas toujours bénéfiques à tous. Elles forment des faits qui fragilisent l’ordre établi. Des réponses à des problématiques particulières sur lesquelles il est le plus souvent difficile de se fonder pour résoudre des problèmes futurs. Elles n’ont pas forcément été pensées de façon globale, cohérente et durable. Elles n’ont pas été pensées en accord avec les lois, règles et normes établies.  Elles sont donc difficiles à réutiliser. Elles affaiblissent l’ordre établi et les tenants de cet ordre.

La Côte d’Ivoire doit rester consciente du fait, qu’aujourd’hui, toute solution ad hoc sortie d’un quelconque dialogue qui ne respecte pas l’ordre, fragiliserait les Gouvernants actuels et tous les autres qui leurs succéderont.  Le dialogue, la négociation, ces principes et postures ivoiriennes doivent plutôt servir l’ordre établi pour la paix et la sécurité et non être les facteurs qui le déstabilisent.

Alors surtout pas de solutions ad hoc ! Elles fragiliseront notre sacro-sainte paix en Côte d’Ivoire pour des décennies encore.

Pour réconcilier les Ivoiriens autour de la paix comme il se doit, s’engager tous pour des élections apaisées, me semble être la bonne posture.

 

Construire une culture qui fédère la Côte d’Ivoire

Pour cela, faire de la Côte d’Ivoire un pays réconcilié ou la paix règne malgré tout ce qui peut séparer chaque citoyen de ce pays, malgré les divergences politiques liées à la diversité d’idéaux et d’acteurs, il convient de fonder les grandes décisions du pays sur le droit et le respect du droit. Si chaque ivoirien intègre cela, la base culturelle du pays sera fondée et formera le ciment pour une paix durable. Une paix où les instruments utilisés pour gouverner et gérer les conflits qui naissent forcément de toute activité et de toute relation humaines, soient reconnus et acceptés de tous. Un bon système de gouvernance doit être fondé sur un ordre établi connu et accepté de tous. La pratique du dialogue qui nous ramène à la communication et à la négociation n’en sont que des éléments de leadership qui l’animent.

La Côte d’Ivoire en paix, la Côte d’Ivoire prospère, a besoin d’un Etat de droit où les Institutions sont respectées et améliorées selon les bonnes formes et où chaque citoyen se sent en paix et sécurité.

Alors, mon appel aux hommes et partis politiques est que nous avons les leviers de cette paix et de notre sécurité en main. Manipulons-les avec dextérité pour le bien de tous les Ivoiriens.

Leave A Reply