La notion de Mindset n’est pas nouvelle. Elle appartient, depuis des lustres, à la boîte à outil de tous les managers modernes. Elle sert généralement à encadrer les démarches managériales et orienter les ressources humaines, financières, matérielles, informationnelles et autres vers des solutions ou résultats préétablis. Dans un tel contexte, la performance n’est jugée uniquement qu’à l’atteinte des résultats. La démarche était-elle efficiente ? Avons-nous (value for money) un rapport qualité/prix qui nous rend plus robuste ? Ces questions ne sont toujours pas celles qu’on considère pour les appréciations.
Le « New Mindset » n’est donc pas un simple jeu de mots à travers l’usage de l’adjectif « new ». Il s’agit plutôt d’une approche plus pragmatique qui consiste à aborder les situations ou les questions avec un esprit plus ouvert et moins prescriptif. Certes, la réalisation des objectifs est nécessaire voire essentielle pour le court terme, mais la pérennisation et la rentabilité du business sur le long terme devraient constituer notre raison-d’être : enrichir les actionnaires, contribuer positivement au bien commun dans la communauté (actionnaires, employés, clients et communauté, etc.) et respecter les questions environnementales et le dérèglement climatique.
Le « New Mindset » nous invite à revoir et à repenser la vision du tunnel et la vision de l’étalon de course qui pourraient induire de nombreux futurs managers en erreur. Dans la première ou vision du tunnel, notre vision est restreinte et nous empêche de faire attention à ce qui se passe en périphérie. Nous sommes très disciplinés et restons focalisés sur un sujet (un problème) ou un seul élément du sujet et ignorons tous les autres facteurs du milieu ambiant. En un mot, nous avançons comme dans un tunnel, focalisés que nous sommes uniquement sur la sortie sans aucune considération pour la périphérie. Par conséquent, nous perdons tout le bénéfice des informations qui découleraient d’une observation plus large (étendue) sur le parcours qui pourrait affecter notre conduite. Quant à la seconde ou vision de l’étalon de course, la démarche est encore plus singulière ; on fait porter des œillères aux étalons pour leur obstruer la vision latérale. L’étalon et le joker, qui lui est littéralement attaché (lié), galopent aux pas de course, ils n’ont pas pour mission de réfléchir, ce qui compte c’est franchir la ligne en première position, même si le cheval devrait s’écrouler et en mourir.
A travers le New Mindset, nous invitons le manager à approcher les situations de façon plus holistique qui lui donnerait une « bird’s-eye view ». C’est une approche qui s’apparente à la vision de l’aigle qui survole la pairie avant de plonger sur sa proie. Le Manager se place en position d’élévation et observe le tableau en dessous avec une vision à 360 dégrée. Les dangers, les risques, ainsi que les points forts de l’environnement lui apparaissent plus clairement pour une analyse plus pointue avant la décision. Notre aigle-chasseur de sa hauteur distingue à la fois sa proie, le chien berger, le berger lui-même avec son arme, les autres prédateurs, etc., et apprécie mieux les arrangements possibles entre ces différents facteurs avant de plonger. La place laissée au hasard est plus restreinte, et le succès est plus probable. L’attaque de notre aigle-chasseur ne sera pas la même tous les jours, dans la mesure où les informations ne sont pas les mêmes.
Le New Mindset invite le Manager à plus de flexibilité et d’agilité afin d’aborder la situation sans préconception excessive. Le Manager analyse le problème dans sa multi dimensionnalité et prend en compte plusieurs facteurs, apparemment non liés à la question, mais qui pourraient affecter sa décision finale. Le New Mindset, n’est pas une invite à l’inaction ou à l’indécision. Elle nous encourage, au contraire, à ne pas demeurer statique ou figé dans notre mode de fonctionnement. Le New Mindset nécessite l’innovation permanente, un modus operanda dans lequel l’information est reine. Ainsi, la vérité d’hier et celle d’aujourd’hui ne seront pas nécessairement celles de demain. En d’autres termes, une reconduction verbatim ou systématique des solutions passées peut s’avérer désastreuse dans le futur. Le Manager devra être à même d’incorporer les informations, produites aujourd’hui à une vitesse vertigineuse, dans son modèle. Cela nécessite de la flexibilité et de L’agilité dans son action. Le Manager ne devrait pas être prisonnier des règles et autres procédures qui gouvernent son entreprise. Oui, en l’absence de règles et procédures, nous ouvrons la porte à l’anarchie, voire le chaos ; trop de règles et procédures cependant créent la sclérose, freinent l’imagination (ici l’innovation) et contraignent l’action.
Le New Mindset n’invente pas de nouveaux outils non plus. L’entreprise élabore toujours son plan stratégique sur le moyen et long terme. L’entreprise se définira une vision, se fixera des objectifs et mettra à la disposition de ses employés toutes les ressources nécessaires, dans le sens le plus large du terme, pour atteindre les résultats. Ce qui change avec le New Mindset, c’est la rationalisation et l’application moins orthodoxe des mêmes outils à la réalisation de la mission de l’entreprise.
Le New Mindset c’est la flexibilité. Il invite le Manager à savoir se remettre en cause et revoir, en fonction des réalités qui prévalent sur le terrain, les dispositions nécessaires, raisonnables et utiles pour l’atteinte de ses objectifs. Les pilotes de ligne le font en permanence, pour éviter des orages ou autres turbulences excessives durant le vol. La flexibilité est une attitude managériale qui informe la personne qui tient les manettes entre ses mains que le ressources mises à sa disposition devront être utilisées de la manière la plus efficiente possible pour atteindre les résultats attendus. La flexibilité commande également aux dirigeants de l’entreprise de revoir régulièrement les systèmes et procédures et les mettre à jour pour tenir compte de l’évolution de l’environnement des affaires. La flexibilité encourage la communication et les interactions au sein de l’entreprise. La flexibilité demande l’écoute attentive.
Le New Mindset, c’est aussi l’agilité. Le manager devra répondre avec célérité aux stimuli de l’environnement. L’agilité proscrit la procrastination et demande au Manager de la réactivité. Il doit savoir lire l’environnement et y apporter la réponse appropriée. Dans ce sens, l’agilité raccourcit les boucles décisionnelles qui demandent plusieurs noeux de discussions et d’approbation avant l’action. Le New Mindset investit le Manager du manteau du Consul dans la Rome antique. Lorsqu’il prend du service dans son nouveau poste, il est César.
Le New Mindset nous confie le pouvoir et nous donne toute l’indépendance managériale nécessaire d’être en charge pour conduire avec efficacité et efficience le business. Le New Mindset élargit notre horizon décisionnel et d’action pour être à même de naviguer quelques soient les écueils. Le New Mindset est toujours nouveau. Nous devons savoir nous interroger, nous remettre en cause et réagir avec confiance.
Siaka Bakayoko